Une récente étude publiée par le sociologue
belge Jan Hertogen a remis en avant la question de l’immigration en Belgique et
de l’intégration des populations allogènes.
Car l’étude démontre de très importantes
disparités selon les régions du pays. La population étrangère
ou « d’origine étrangère » (dont l’un au moins des parents est né à
l’étranger) composerait 75 % de la population bruxelloise, un taux trois
fois supérieur à celui de la Wallonie (qui avec 24 % se situe à la moyenne
nationale) et cinq fois supérieur à celui de la Flandre (15 %).
Ce taux atteint
même 90 % dans deux communes bruxelloises, Ixelles (où la première minorité
sont les Français) et ma bien aimée commune de Saint-Gilles (où arrivent en
tête les Marocains).
En soulignant les
disparités entre régions, le sociologue met directement en question
l’efficacité des politiques d’intégration. Car
si, en
Belgique, les politiques migratoire et d’asile dépendent des autorités
fédérales, l’intégration des populations immigrées relève, quant à elle, de la
compétence des régions et des communautés.
Alors,
Bruxelles terre d’accueil et Flandre terre d’exclusion ?
Le schéma semble par trop caricatural. Et la
Flandre, souvent pointée du doigt pour les positions nationalistes qui y
émergent, assume néanmoins depuis déjà 2001 une politique d’intégration active
et volontaire dont le Sud est bien forcé aujourd’hui de reconnaître qu’elle
présente certaines qualités.
L’Inburgering (« parcours
d’intégration civique »), y est imposé
aux étrangers majeurs qui viennent durablement s’installer sur le sol
flamand. Il s’agit d’un contrat donnant-donnant où, contre l’engagement
d’assiduité et d’efforts d’intégration, notamment linguistiques, le néo-arrivant
bénéficie de services aussi multiples que variés destinés à faciliter son
installation.
Un premier volet mêle formations pratiques et théoriques :
- une orientation sociale à vocation pratique (Comment utiliser les
transports en commun ? Où trouver une aide médicale ? Comment s’organise l’enseignement
? etc.),
- des cours de néerlandais,
- une orientation professionnelle.
Le parcours d’intégration civique secondaire propose aux intégrants une
formation professionnelle ou une formation en entreprise.
Une attestation leur est ensuite délivrée.
Elle pourra être exigée, notamment pour les démarches en vue de leur
régularisation.
Politique de flamandisation des néo-arrivants
comme dénoncé par certains ? L’inburgering
s’inspire en effet du principe de territorialité, tant décrié du côté
francophone.
Pourtant, l’efficacité
du système, qui associe un nombre important d’acteurs publics, associatifs et
privés complémentaires, a incité finalement les Bruxellois et les Wallons, traditionnellement plus réticents à toute
démarche d’assimilation, à mettre en
place des politiques similaires d’intégration à la citoyenneté.
En novembre 2012, l’Inburgering francophone, calqué sur son aîné flamand, est à son
tour devenu obligatoire. Et une démarche similaire est lancée à Bruxelles, sur
la base du volontariat (www.bon.be).
L’intégration des populations étrangères et d’origine
étrangère, question devenue centrale en Belgique, est ainsi devenue une
priorité politique sur l’ensemble du territoire.