Tandis qu’Alexander De Croo, grand perdant des
élections, est devenu cette semaine vice-premier Ministre du gouvernement
fédéral, la nouvelle figure anversoise Bart De Wever se trouve toujours, lui,
sans majorité dans sa commune. C’est le monde à l’Anvers !
Difficile néanmoins pour le président de la
N-VA (nationalistes flamands) de se poser une fois de plus en victime.
A Alost, ou plutôt Aalst (prononcer avec
l’accent du Nord), où les nationalistes sont arrivés en tête, ils s'adonnent activement au combat contre la francisation. Dans cette commune flamande, qui
n’est même pas à facilité (c’est à dire sans que les francophones n'y disposent pas du droit de contacter l’administration
locale en français), l’on se sent apparemment menacé au point qu’a été nommé un échevin des
Affaires flamandes, chargé de défendre le caractère néerlandophone de la
commune. Des fois que la tâche d’huile francophone s’étendrait par ici…
Mais pourquoi cet acharnement à
défendre les contours de Bruxelles ?
Parce que Bruxelles fut à l’origine flamande
(Broek = marais). Elle ne fut francisée progressivement qu’à partir de 1430, par
le régime bourguignon, et ne devint officiellement bilingue qu’en ... 1832 !
Aujourd’hui, la région est à 85 % francophone,
et les flamands s’y sentent parfois méprisés, à l’image de ces administrés
néerlandophones de Saint Gilles ou Forest, contraints aujourd'hui de s’adresser aux fonctionnaires communaux en français.
Les Flamands résistent néanmoins. Ils ont fait
de la ville leur capitale institutionnelle, y implantant leur gouvernement
régional et communautaire, et marquent leur présence par un investissement
massif dans les milieux artistiques et culturels de la région, ainsi que dans
l’enseignement de leur langue.
La « communauté française de
Belgique », en réponse, s’est choisi le nouveau nom de « fédération
Wallonie-Bruxelles », une appellation qui fleure déjà la séparation.
Ainsi, Bruxelles est devenue l’enfant dont
personne ne veut se séparer, celui pour lequel en cas de divorce il faudrait
organiser une garde partagée. Bref, Bruxelles est ce nœud qui, sans relier les
deux communautés, ne les rend pas moins toutes deux inséparables.
Et les Bruxellois, alors ? On aurait tort
de les considérer comme des francophones. Le Bruxellois est bruxellois ;
il est jeune, cosmopolite, parle plusieurs langues et lorsqu’il travaille,
c’est surtout dans le tertiaire, souvent dans un cadre international. Et à
choisir, en cas de scission, le Bruxellois choisirait … Bruxelles, utopique
cité indépendante des deux autres régions.
Surréalisme, toujours.