Bancon-quoi ? Celui qui pose encore cette question n'est pas encore un vrai expat'.
Il ne s'est pas encore retrouvé gare du Midi tentant désespérément d'échanger argent
Contre ticket STIB devant une machine mutique. Il n'a pas encore connu la solitude qui envahit le consommateur excédé, qui, enfin parvenu à la caisse se voit contraint de remettre son achat en rayon
faute de détenir le précieux moyen de paiement belgo-belge...
Français, si tu ne jures que par ta carte Visa, quelques conseils de survie en Belgique.
Ne sors jamais sans avoir épaissi tes poches de quelques liasses de liquide, si tu veux pouvoir garder
le sourire à l'énoncé de cette phrase fatidique : " nous ne prenons que la Bancontact".
Évidemment, vu le nombre de distributeurs en ville, cela suppose un minimum d'anticipation...
Il te faudra donc aménager chez toi un certain nombre de cachettes où entasser ton magot,
en prévision des achats quotidiens de la semaine à venir.
Bancontact est restée hors service plus d'une heure hier. Au moment où toute la Belgique
passait à la caisse en prévision du réveillon, son système phare de paiement électronique était paralysé !
Une petite vengeance, pour nous, Français, qui avons pu effectuer nos achats avec notre Visa !
Française ou Français de Bruxelles ? Si tu penses que la Belgique est un pays bilingue, qu’elle se partage entre Wallons et Flamands, que Bruxelles est francophone, que la culture se gère au niveau fédéral. Si pour toi BHV n'est qu'un grand magasin parisien. Si, surtout, tu espères comprendre un peu mieux cet univers étrange qui t’entoure….ce blog est pour toi. Bonne visite !
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mardi 24 décembre 2013
jeudi 29 août 2013
Vive la rentrée !
Une fois n’est pas coutume, cette année, la
rentrée se teinte d’une certaine dose d’excitation … 9 mois, oui, tout juste 9
mois nous séparent des élections « fatidiques », voire « historiques »
du 25 mai 2014, qui « tiennent le sort définitif de la Belgique dans leurs
mains ».
Pour la première fois depuis 1999, en effet, les
Belges seront appelés ce jour là à élire leurs représentants en région, au
Parlement européen, mais aussi au niveau fédéral. Bref, seuls le Sénat et les communes seront épargnés par le tsunami
politique annoncé.
Le souvenir des longues crises politiques qui
avaient succédé aux élections fédérales de 2008, puis de 2010 est encore frais ?
En 2014, ce sera encore pire. D’ailleurs, si Albert II a démissionnée, ce
serait en partie pour ne pas avoir à assister au prévisible carnage… C’est dire s’il est grand temps de réserver
nos places aux premières loges !
Bon, mais au fait, en quoi consiste le danger
exactement ?
Du côté
des élections régionales, le suspens n’est quand même pas à son comble. PS (socialistes) et MR (libéraux) continuent de batailler pour la
première place en Wallonie et à Bruxelles, mais la timide remontée du MR ne
menace pas aujourd’hui sérieusement la poursuite des coalitions Olivier
(socialistes, écologistes, humanistes) actuellement au pouvoir dans les régions
francophones.
Quid alors de l’effrayante perspective d’une
accession de la N-VA au pouvoir côté flamand ? Rassurez-vous… c’est déjà
fait. Le parti nationaliste participe au gouvernement de la région flamande
depuis plusieurs années, et ses partenaires socialistes et chrétiens démocrates
seraient mal inspirés de vouloir la remplacer par un parti marginal.
Il
n’est donc pas à exclure que les négociations pour la formation des trois
gouvernements régionaux aboutissent finalement…à un rapide statu quo. De quoi soutenir la dynamique de négociations fédérales nécessairement
plus complexes.
Au niveau fédéral aussi, la N-VA fait planer
sa menace sur l’unité de la Belgique… Pourtant, le carton du parti séparatiste aux
dernières élections fédérales n’a pas empêché au final la formation d’une
coalition gouvernementale contournant la première force politique du pays.
Autre tabou tombé depuis 2008 : la
Belgique peut être gouvernée par des coalitions « asymétriques », qui
associent des courants politiques différents au nord et au sud du pays.
Pour peu que les partis actuellement au
pouvoir préservent un minimum leur ancrage c’est
donc les mains plutôt libres, quel que soit finalement le score de la N-VA,
qu’ils reviendront à la table des négociations. Avec la très forte
probabilité là aussi de pouvoir reconduire la coalition actuelle…
L’on aboutirait
alors à ce profond mais rassurant paradoxe. En politique belge, plus on vote,
moins les choses changent…
jeudi 4 juillet 2013
Une abdication tranquille...
La décision du roi Albert II d’abdiquer en
faveur de son fils Philippe le 21 juillet prochain n’est une véritable surprise
pour personne.
A l’âge de 80 ans, et après tout juste 20 ans
de règne, le monarque avait déjà laissé filtrer quelque lassitude et son désir
de ne pas devoir faire face à nouveau aux tumultes politiques que risquent
d’engendrer les prochaines élections régionales de 2014.
Certains font valoir aujourd’hui que deux
scandales auraient précipité son départ : le procès qui vient de lui être
intenté par sa possible fille naturelle, Delphine Boël, ainsi que l’histoire du
magot caché de la reine Fabiola.
Une récente réforme de la dotation royale
avait pourtant mis fin à cette polémique (cf. précédent post sur le sujet),
tandis qu’il y a longtemps que le roi des Belges avait levé un voile sur la
première affaire.
C’est
donc de sa pleine décision qu’Albert II quitte ses fonctions, en pouvant se
targuer de les avoir portées bien au delà de leur valeur symbolique. Tenant un rôle aussi discret que fondamental lors des crises
politiques de plus en plus marquées qui émaillèrent sa fin de règne, il passe
le relais à son fils « en toute sérénité
et confiance », avec le sentiment du devoir accompli.
Et le prince Philippe d’essuyer désormais les
mêmes vaines inquiétudes médiatiques que celles qui visèrent son père lors de
son accession au trône en 1993.
mardi 2 juillet 2013
Euthanasie : les Belges en font-ils trop ? (I)
Pays très libéral en matière de mœurs (mariage
homo, PMA, euthanasie…), la Belgique s’enorgueillit de son statut de
« pays avancé », et ne s’est d’ailleurs pas privée de tacler la
France lorsque celle-ci s’enlisait dans l’interminable « débat » sur
le « mariage pour tous ».
Est-ce
cette obsession de la primauté qui la conduit aujourd’hui là où seuls les
Pays-Bas se sont jusqu’alors aventurés ?
Plusieurs
sénateurs libéraux et socialistes ont en effet récemment déposé une proposition
de loi visant à élargir le droit de demander l’euthanasie à des enfants
mineurs.
La dépénalisation, par la loi du 28 mai 2002,
de l’euthanasie, définie comme l’acte de donner la mort à une personne qui en
fait la demande, fut le fruit d’une longue maturation, entamée à la fin des
années 1990.
Guidés par la recherche du consensus le plus
large possible, politiques et experts débattirent du sujet pendant plusieurs
années.
Ce n’est qu’en 1999 que la fenêtre politique
s’entrouvrit. Les élections fédérales amenèrent au pouvoir une nouvelle
coalition gouvernementale, composée des libéraux, des socialistes et des
écologistes. Les chrétiens-démocrates francophones et flamands, opposés au
principe même de la reconnaissance de l’euthanasie, se trouvaient quant à eux relégués
dans l’opposition.
Ils furent néanmoins activement associés aux
travaux parlementaires, et aux avis du Comité Consultatif de Bioéthique. Et progressivement,
les plus libéraux consentirent à collaborer au projet, conscients que la
majorité de la population y était devenue favorable.
Le droit de demander l’euthanasie (et non de
la voir pratiquer par son médecin) fut ainsi légalisé en Belgique, sous
plusieurs conditions :
- - Un malade conscient et capable (majeur ou
mineur émancipé),
- - Une demande spontanée et répétée, exprimée soit
directement, soit par le biais d’une déclaration écrite préalable co-signée par
deux témoins, enregistrée auprès de la commune et remontant au maximum à 5
années avant l’impossibilité de s’exprimer.
- - Une situation objectivement « sans issue » : Des souffrances physiques ou psychologiques insoutenables et
prolongées. Une pathologie incurable, qu’elle soit due à la maladie ou à un
accident.
Le médecin, dont la responsabilité pénale était
ainsi écartée, se voyait en contrepartie imposer un certain nombre de
devoirs : information complète du patient et de sa famille, avis d’un
autre médecin, notamment quand le décès n’est pas imminent, délais à respecter.
Si en ce domaine l’on ne peut qualifier de
bonne aucune solution, la loi de 2002 semblait
au moins avoir trouvé l’équilibre recherché et ne faisait plus débat. Les
évaluations régulières effectuées par la Commission fédérale de contrôle et
d’évaluation soulignaient d’ailleurs que patients comme médecins se l’étaient
appropriée, aucune dérive n’ayant par ailleurs été mise en évidence.
La
poursuite de la réflexion n’aurait pourtant pas été inutile. Alors que de plus en plus de gens se sentent directement ou
indirectement concernés, pourquoi si peu ont-ils rédigé des directives
anticipées ? Pourquoi 85 % des demandes d’euthanasie répertoriées émanent-elles
de la partie flamande du pays : statistiques incomplètes ou véritable
fracture éthique ?
Dix années de recul apparaissent encore bien
insuffisantes pour dresser un véritable bilan de la loi.
Pourtant, confondant
certainement progrès et précipitation, une poignée de sénateurs n’a pas
hésité à remettre le travail sur l’établi. Et à prendre la responsabilité de
relancer un débat qui, sur le plan éthique autant que politique, risque de
faire bien des dégâts…
mardi 11 juin 2013
Royale dotation
Voilà, c’est fait. Au terme, comme il est de
coutume, de discussions aussi complexes qu’obscures entre les huit partis signataires,
l’ensemble de la classe politique belge, francophone comme flamande (à
l’exception notable de la nationaliste N-VA), a conclu un accord sur un sujet
devenu essentiel en l’espace de six mois, celui de la dotation royale, somme attribuée aux membres de la famille royale,
jusqu’ici non soumise à l’impôt et exclue de tout contrôle.
Un tel consensus
est exceptionnel en Belgique. Ce que ni la question de
l’avortement en 1990, ni les gaffes répétées du prince Laurent n’étaient
parvenus à faire jusque là, un dernier scandale, lié au pactole géré par la
reine Fabiola à travers des fondations exonérées d’impôts, est parvenu à
l’imposer.
Le scandale de trop ? Plutôt, sans doute,
celui qui arrivait au bon moment.
Il fallait bien que, pour la première fois de
l’histoire du pays, un socialiste francophone dirige le gouvernement belge. Ajoutons
à cela le contexte de crise que l’on connaît. Il devenait difficile de ne pas
afficher une détermination sans faille dans la chasse aux privilèges, fût-ce au
détriment d’une institution traditionnellement plutôt soutenue par la partie
francophone du pays.
Les intérêts francophones ont ainsi aussi subitement
que ponctuellement coïncidé avec ceux de la classe politique flamande, devenue
dans son ensemble hostile à une Monarchie trop francophone, symbole tant de
l’unité du Royaume, et de cette « Belgique à papa » tant décriée par
ailleurs.
L’affaire était donc conclue. A peine certains libéraux francophones ont-ils
réussi à objecter de la préservation de l’une des rares institutions stable du
pays.
Bien conscient de cette situation, le Roi
Albert II n’a pu que s’incliner, s’abstenant par ailleurs d’entrer dans le
débat ni d’en faire aucun commentaire... Position
incontournable, qui néanmoins revient à
remettre pour l’avenir son sort et celui de sa famille dans les mains de
la classe politique…
Désormais, seul le membre régnant et son
conjoint, ainsi que son héritier présomptif et son conjoint bénéficieront d’une
dotation. Encore, son usage sera-t-il contrôlé par la Cour des Comptes et son
montant partiellement soumis à l’impôt. La liste civile attribuée au Roi Albert
II (11,5 Millions d’euros) reste quant à elle pour l’instant épargnée,
conformément aux exigences constitutionnelles.
Une réforme donc essentiellement symbolique,
qui n’apportera au budget de l’Etat que quelques dizaines de milliers d’euros.
Mais
justement, le symbolique n’est-il pas le seul lieu de pouvoir qui subsiste pour
une monarchie devenue très largement protocolaire ?
Difficile pourtant dans ce domaine de parler d’une
« victoire » de la N-VA, comme l’ont soutenu certains. Les pouvoirs
royaux n’ont pas été remis à plat, et pour beaucoup d’intervenants, cette
réforme, devenue incontournable, devrait au contraire durablement apaiser les
plus ardents anti-monarchistes…qui ne manqueront pas de se manifester lors de
la succession d’Albert II, que certains annoncent plus proche que l’on ne le
penserait…
jeudi 16 mai 2013
Guerre linguistique : quand l’UE s’en mêle.
Bruxelles se vante souvent de ne pas connaître le
phénomène des « banlieues » que rencontrent la plupart des grandes
villes françaises. Ici, au contraire, les environs de la capitale sont
majoritairement peuplés de revenus élevés, venus chercher au vert le calme et l’harmonie qui ne règnent pas toujours au sein de la capitale européenne.
C’est officiellement contre cette tendance à la
« gentrification » de certaines communes, notamment en périphérie de
la capitale, que voulait lutter le gouvernement flamand, en adoptant le 27 mars
2009 le décret « wonen in eigen streek » (habiter dans sa propre
région).
Selon ce texte, les biens immobiliers de 69 communes
flamandes particulièrement recherchées ne peuvent être transférés qu’à des
personnes qui, selon l’avis d’une commission d’évaluation provinciale,
disposent d’un «lien suffisant» avec lesdites communes.
Un objectif louable selon l’élu flamand de la périphérie
Eric Van Rompuy (chrétien démocrate flamand), qui aurait presque réussi à nous
faire verser quelques larmes sur le sort des ces « pauvres » flamands
de la périphérie, chassés de leur commune de cœur par des hordes de bruxellois fortunés.
Le décret ne ferait donc que poursuivre un objectif
d’intérêt général, qui justifierait quelques petites entorses au droit
européen, fut-ce au détriment de libertés fondamentales, telles la liberté de
circulation ou d’installation.
Selon le décret, les « liens suffisants » avec
une commune flamande sont démontrés lorsque le candidat acquéreur remplit l’une
au moins des conditions suivantes:
- avoir (été) domicilié dans la commune ou dans une commune avoisinante pendant au moins six ans de manière ininterrompue,
- exercer une activité professionnelle au moins à mi-temps dans la commune,
- avoir construit avec la commune un lien en raison d'une circonstance importante et de longue durée.
La Cour de Justice de l’Union européenne ne s’y est pas laissée
prendre, qui a clairement censuré cette démarche.
Ce 8 mai 2013, statuant sur une question préjudicielle que lui
avait adressée la Cour constitutionnelle belge, elle a affirmé sans ambiguïté
que le droit européen s’opposait à une telle
réglementation.
De quoi encore un peu plus ternir l’image de la Flandre sur la
scène internationale.
Car bien que le gouvernement régional a plaidé le
caractère purement interne de ces mesures, l’importance se ses prérogatives et
les conséquences du décret sur les populations non belges donnaient nécessairement
à la question une dimension européenne.
La Cour ne se laisse pas prendre au piège du caractère soi disant "social" du décret, en relevant que « d’autres mesures moins
restrictives que celles édictées par le décret flamand seraient de nature à
répondre à l’objectif poursuivi par le décret ».
En clair, le décret de 2009 ne protège pas les
populations les moins fortunées, mais bien seulement celles qui ont des racines
flamandes suffisamment anciennes.
La CJUE relève en outre la disproportion entre l’objectif affiché
de réduction des inégalités et l’entrave imposée à la liberté de circulation,
tant aux citoyens belges qu’aux ressortissants de l’Union éventuellement concernés.
Enfin, le dernier critère imposé est apparu trop flou à
la Cour, qui pointe du doigt le possible « comportement
discrétionnaire » des autorités.
C’est évidemment côté francophone que cet arrêt a été le
plus commenté.
Le gouvernement flamand, par la voix de sa ministre du
logement, Freya Van Den Bossche, s’est contenté de « prendre acte »
de la décision, en considérant qu’elle ne remettait pas en cause l’objectif
louable d’une meilleure mixité sociale dans ces communes. Le décret sera donc
maintenu, mais son objectif social sera mieux affirmé.
Hypocrisie, quand tu nous tiens…
samedi 20 avril 2013
Tour Eiffel contre Manneken Pis
De « je
vais à LA toilette » en « à
tantôt maman », j’ai fini par considérer qu’il était temps de
reconstituer le capital de francitude de ma progéniture. Et quoi de mieux pour
raviver un peu la fibre patriotique que de leur montrer ce que la France fait
de plus beau, de plus monumental, de plus international… jai nommé : la
Tour Eiffel ?
Nous voici donc par une matinée brumeuse
faisant le pied de grue devant … tiens… un seul ascenseur en fonctionnement. Il
faudra être patient.
Mais combien de temps ? Pas un panneau ni
âme qui vive pour nous l’indiquer. Ah, si, tout là bas. Je lis : … que le
dernier étage est fermé ! Bon, c’est dommage mais la file, euh, la queue
a l’air d’avancer.
Profitant d’un ralentissement, je jette à
nouveau un coup d’œil au lointain panneau. Chouette, l’étage est ouvert !
Oups. 5 mètres plus loin on nous annonce 40 minutes de queue supplémentaire
pour l’atteindre. Difficile à envisager, surtout qu’on commence vraiment à
fatiguer là.
Après une heure de queue, pas un bonjour ni un
sourire ; On n’est pas là pour soigner l’image de la capitale, quand
même ! Et que dire de la femme cerbère assignée à l’accueil des personnes
handicapées ? Cannes, poussettes et fauteuils roulants, si l’absence
d’aménagement et les restrictions d’accès ne vous ont pas découragés, vous êtes
néanmoins priés de passer votre chemin !
Je ne vous parlerai pas de la vue (brumeuse),
l’essentiel du temps passé là haut s’étant partagé entre : faire la queue
pour acheter à manger, faire la queue pour accéder à des toilettes sous
dimensionnées, et faire la queue pour obtenir le droit de regagner enfin la
terre ferme. Ouf !
Le hasard voulut qu’à notre retour à
Bruxelles, des amis totalement ignorants des charmes de la ville voulurent
qu’on leur fasse voir le fameux Manneken Pis. Sourires en coin et clins d’œil
entendus, nous les amenâmes devant l’estimé petit garçon, afin que de leurs
propres yeux ils constatent son insignifiance.
Le petit homme était vêtu ce jour là d’un
costume, ce qui rendit l’événement particulier. La foule amassée se trouva en
outre immédiatement presque en délire lorsque se produisit un événement encore
plus rarissime : Manneken Pis allait cesser quelques minutes de pisser,
afin qu’on le débarrasse à l’heure dite de son accoutrement.
C’est accompagné de sifflets rigolards et
d’applaudissements bon enfant que l’officiant, aussi sérieux dans ses gestes
que détaché dans l’attitude opéra le cérémonial qui, paradoxalement, finit par
attirer de tous le respect.
Lorsque le jet rétabli de la petite statue me
tira de mes pensées, j’avais compris en quoi ce petit homme m’était devenu
tellement cher. Comme la Belgique, la conscience de sa petitesse ne l’empêchait
pas d’accomplir de grandes choses, pourvu que ce soit avec un peu
d’autocritique et beaucoup de dérision…
Manneken Pis : 1- Tour Eiffel : 0.
mercredi 27 mars 2013
La Belgique, terre d’accueil : une histoire régionale.
Une récente étude publiée par le sociologue
belge Jan Hertogen a remis en avant la question de l’immigration en Belgique et
de l’intégration des populations allogènes.
Car l’étude démontre de très importantes
disparités selon les régions du pays. La population étrangère
ou « d’origine étrangère » (dont l’un au moins des parents est né à
l’étranger) composerait 75 % de la population bruxelloise, un taux trois
fois supérieur à celui de la Wallonie (qui avec 24 % se situe à la moyenne
nationale) et cinq fois supérieur à celui de la Flandre (15 %).
Ce taux atteint
même 90 % dans deux communes bruxelloises, Ixelles (où la première minorité
sont les Français) et ma bien aimée commune de Saint-Gilles (où arrivent en
tête les Marocains).
En soulignant les
disparités entre régions, le sociologue met directement en question
l’efficacité des politiques d’intégration. Car
si, en
Belgique, les politiques migratoire et d’asile dépendent des autorités
fédérales, l’intégration des populations immigrées relève, quant à elle, de la
compétence des régions et des communautés.
Alors,
Bruxelles terre d’accueil et Flandre terre d’exclusion ?
Le schéma semble par trop caricatural. Et la
Flandre, souvent pointée du doigt pour les positions nationalistes qui y
émergent, assume néanmoins depuis déjà 2001 une politique d’intégration active
et volontaire dont le Sud est bien forcé aujourd’hui de reconnaître qu’elle
présente certaines qualités.
L’Inburgering (« parcours
d’intégration civique »), y est imposé
aux étrangers majeurs qui viennent durablement s’installer sur le sol
flamand. Il s’agit d’un contrat donnant-donnant où, contre l’engagement
d’assiduité et d’efforts d’intégration, notamment linguistiques, le néo-arrivant
bénéficie de services aussi multiples que variés destinés à faciliter son
installation.
Un premier volet mêle formations pratiques et théoriques :
- une orientation sociale à vocation pratique (Comment utiliser les
transports en commun ? Où trouver une aide médicale ? Comment s’organise l’enseignement
? etc.),
- des cours de néerlandais,
- une orientation professionnelle.
Le parcours d’intégration civique secondaire propose aux intégrants une
formation professionnelle ou une formation en entreprise.
Une attestation leur est ensuite délivrée.
Elle pourra être exigée, notamment pour les démarches en vue de leur
régularisation.
Politique de flamandisation des néo-arrivants
comme dénoncé par certains ? L’inburgering
s’inspire en effet du principe de territorialité, tant décrié du côté
francophone.
Pourtant, l’efficacité
du système, qui associe un nombre important d’acteurs publics, associatifs et
privés complémentaires, a incité finalement les Bruxellois et les Wallons, traditionnellement plus réticents à toute
démarche d’assimilation, à mettre en
place des politiques similaires d’intégration à la citoyenneté.
En novembre 2012, l’Inburgering francophone, calqué sur son aîné flamand, est à son
tour devenu obligatoire. Et une démarche similaire est lancée à Bruxelles, sur
la base du volontariat (www.bon.be).
L’intégration des populations étrangères et d’origine
étrangère, question devenue centrale en Belgique, est ainsi devenue une
priorité politique sur l’ensemble du territoire.
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