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mardi 11 juin 2013

Royale dotation


Voilà, c’est fait. Au terme, comme il est de coutume, de discussions aussi complexes qu’obscures entre les huit partis signataires, l’ensemble de la classe politique belge, francophone comme flamande (à l’exception notable de la nationaliste N-VA), a conclu un accord sur un sujet devenu essentiel en l’espace de six mois, celui de la dotation royale, somme attribuée aux membres de la famille royale, jusqu’ici non soumise à l’impôt et exclue de tout contrôle.

Un tel consensus est exceptionnel en Belgique. Ce que ni la question de l’avortement en 1990, ni les gaffes répétées du prince Laurent n’étaient parvenus à faire jusque là, un dernier scandale, lié au pactole géré par la reine Fabiola à travers des fondations exonérées d’impôts, est parvenu à l’imposer.

Le scandale de trop ? Plutôt, sans doute, celui qui arrivait au bon moment.

Il fallait bien que, pour la première fois de l’histoire du pays, un socialiste francophone dirige le gouvernement belge. Ajoutons à cela le contexte de crise que l’on connaît. Il devenait difficile de ne pas afficher une détermination sans faille dans la chasse aux privilèges, fût-ce au détriment d’une institution traditionnellement plutôt soutenue par la partie francophone du pays.

Les intérêts francophones ont ainsi aussi subitement que ponctuellement coïncidé avec ceux de la classe politique flamande, devenue dans son ensemble hostile à une Monarchie trop francophone, symbole tant de l’unité du Royaume, et de cette « Belgique à papa » tant décriée par ailleurs.

L’affaire était donc conclue. A peine certains libéraux francophones ont-ils réussi à objecter de la préservation de l’une des rares institutions stable du pays.

Bien conscient de cette situation, le Roi Albert II n’a pu que s’incliner, s’abstenant par ailleurs d’entrer dans le débat ni d’en faire aucun commentaire... Position incontournable, qui néanmoins revient à  remettre pour l’avenir son sort et celui de sa famille dans les mains de la classe politique…

Désormais, seul le membre régnant et son conjoint, ainsi que son héritier présomptif et son conjoint bénéficieront d’une dotation. Encore, son usage sera-t-il contrôlé par la Cour des Comptes et son montant partiellement soumis à l’impôt. La liste civile attribuée au Roi Albert II (11,5 Millions d’euros) reste quant à elle pour l’instant épargnée, conformément aux exigences constitutionnelles.

Une réforme donc essentiellement symbolique, qui n’apportera au budget de l’Etat que quelques dizaines de milliers d’euros.

Mais justement, le symbolique n’est-il pas le seul lieu de pouvoir qui subsiste pour une monarchie devenue très largement protocolaire ?

Difficile pourtant dans ce domaine de parler d’une « victoire » de la N-VA, comme l’ont soutenu certains. Les pouvoirs royaux n’ont pas été remis à plat, et pour beaucoup d’intervenants, cette réforme, devenue incontournable, devrait au contraire durablement apaiser les plus ardents anti-monarchistes…qui ne manqueront pas de se manifester lors de la succession d’Albert II, que certains annoncent plus proche que l’on ne le penserait…