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dimanche 30 septembre 2012

En Flandre : un seul combat domine le débat.

En Flandre, les spectateurs ont tous le regard tourné vers un combat et un seul, celui qui se déroulera sur le ring anversois.

A ma gauche, l'ancien président du SP.A (parti socialiste flamand) et indétrônable bourgmestre de la première ville de Flandre depuis 2003, l'ancien publicitaire Patrick Janssens.

A ma droite, faisant la course en tête dans les sondages, celui qui récemment délesté de 58 kilos ne s'en affirme pas moins comme le nouveau poids lourd de l'arène politique flamande, le nationaliste Bart De Wever (N-VA).

Excellent orateur et très fin stratège, Bart De Wever a réussi l'exploit de transformer la confidentielle Nieuw-Vlaamse Alliantie, qu'il a fondée en 2001 et dirige depuis 2004, en première force politique flamande, au point de recueillir lors des élections législatives de juin 2010 près d'un vote flamand sur trois pour son parti, et plus de 780.000 voix sur son seul nom, ce qui est le plus haut score jamais réalisé par un homme politique flamand.

Il entretient depuis savamment la cote de son parti, notamment en ayant habilement su se maintenir en dehors des négociations communautaires et dans l'opposition au gouvernement fédéral.

Au delà de ses saillies anti-francophones, Bart De Wever a développé avec succès des thématiques sensibles au coeur flamand. Celle de l'homme laborieux devant sans cesse payer pour les fainéants wallons du sud du pays. Celle aussi de la ruralité flamande, opposée à la frivolité d'intellectuels bruxellois qui se sont emparés des leviers de pouvoir fédéraux.

Ce discours très porteur a vu progressivement l'électorat se détourner des partis traditionnels pour venir grossir le rangs d'une N-VA redevenue fréquentable. A Anvers, où l'extrême droite du Vlaamse Belang avait déjà failli en 2006 s'emparer du pouvoir, ce phénomène est encore renforcé par l'adhésion massive à ses thèses de ces électeurs radicaux.

Alors, quid d'une victoire de la N-VA lors des communales du 14 octobre ? La crainte de voir alors une Flandre séparatiste menée au combat depuis Anvers par un Bart De Wever triomphant, évoquée cette semaine dans "les Inrocks" par Patrick Janssens, mérite d'être nuancée. Car à moins d'obtenir une majorité absolue au Conseil communal, ce qui semble pour le moment exclu, M. De Wever devra, pour former son exécutif, se plier au jeu des alliances et des coalitions.

Un jeu auquel la son parti s'est jusqu'ici toujours révélé incapable de participer...

mercredi 26 septembre 2012

Elections, piège à coalitions.


Découlant directement du mode de scrutin proportionnel, la coalition apparaît comme la clé de voûte du système politique belge. D’elle découlent toutes ces particularités qui nous semblent si étranges à nous, Français. 
  • Les partis politiques ont ici un pouvoir immense car c’est à leur niveau que se négocient les accords. A Bruxelles, ce sont eux qui définissent l’identité d’un bourgmestre avant même le verdict des urnes.
  • Le candidat à une élection ne critique jamais directement ses adversaires. Ou alors, juste ce qu’il faut pour s’en distinguer. Mais surtout ne pas le fâcher, car il n’est jamais exclu qu’ils soient amenés ensemble à gouverner !
  • La Belgique, ni aucune de ses régions, ne connaissent l’alternance. Chaque coalition politique inclut nécessairement une part importante de la précédente ; un phénomène qui explique aussi en partie le faible taux de renouvellement du personnel politique.

En pratique, tout cela peut mener l'électeur Français à errer dans d’insolubles tourments…

Imaginons un Français libéral de Saint Gilles. Celui-ci, pour sanctionner le PS, décidera en toute logique (française) de voter pour le MR (libéraux francophones). Ce serait ignorer que le MR, lui aussi, est au pouvoir à Saint Gilles, où il détient l’important échevinat des Finances.

Notre Français peut encore voter CdH (centre) ou Ecolo. Pas de chance, le premier n’a pas exclu de participer à une prochaine coalition à trois avec le PS et le MR, tandis que le second fixe déjà ses conditions.

Ainsi, quoi qu’il vote en octobre, notre Français anonyme n’est sûr que de deux choses :
- Charles Picqué (PS) restera le bourgmestre de Saint Gilles,
- Il ne saura vraiment s’il a voté pour l’opposition ou la coalition au pouvoir qu’après les élections.

Devant tant de doutes, serait-il tenté par l’abstention ? Qu’il n’oublie pas qu’en Belgique, le vote est obligatoire ! (même si peu sanctionné en pratique)

samedi 22 septembre 2012

Comment prendre parti ?


Aussi incroyable que cela puisse paraître, depuis les années 1960, il n’existe pas (ou plus) de parti politique belge. C’est à dire que plus aucun parti, en Belgique, n’existe au niveau national. Les néerlandophones votent pour les partis politiques flamands, les francophones, pour des partis francophones et les germanophones, pour des partis germanophones.

Le choc est rude pour nos esprits français, mais heureusement, la tâche nous est simplifiée. Pour nous Français de Bruxelles (ou de Belgique) le choix se fera presque exclusivement pour des listes francophones. Oui… mais attention aux faux amis. Car des partis politiques de gauche peuvent se cacher derrière des appellations de droite … et réciproquement !

Pour ceux que ce petit préambule n’a pas totalement découragés, voici un panorama des principaux partis politiques francophones :

Le PS (Parti Socialiste) : Grand vainqueur des dernières élections parlementaires côté francophone, le Premier Ministre fédéral Elio Di Rupo est issu de ses rangs. La Wallonie est acquise depuis des décennies au PS, qui dans un « système » bien huilé y accompagne le fidèle électeur du berceau à la tombe. Mais à Bruxelles, l’enjeu sera pour le PS de conserver la première place qu’il a prise au MR lors des dernières élections.

Le CdH (Centre Démocrate Humaniste) : Première bizarrerie pour un Français. Les chrétiens-démocrates belges francophones sont, eux, plutôt de gauche. Et sur certains sujets, il sont même très proches du PS.

Ecolo (Ecologistes) : Les écologistes francophones, sont tout à fait compatibles avec la droite libérale. L’arrêt du nucléaire n’est pas leur priorité. En outre, Ecolo est devenu un véritable parti structuré, dirigé et gestionnaire depuis la claque électorale de 2003, qui sanctionnait sa malheureuse participation au gouvernement fédéral de 1999.

Le MR (Mouvement Réformateur) : Parti libéral francophone, il revendique sa proximité avec notre UMP. Après un score décevant aux élections parlementaires de juin 2010 le MR compte sur les élections communales pour tirer les bénéfices de son recentrage politique, depuis l’accession à sa présidence du modéré Charles Michel, jusqu’à sa séparation il y a un an de son partenaire bruxellois depuis 1993, le FDF.

Le FDF (Fédéralistes Démocrates Francophones) : Petit parti bruxellois dont l’obsession est la protection des minorités francophones de la périphérie flamande de Bruxelles. Allié au MR, il avait conquis quelques maïorats. Il lui faut désormais prouver qu’il peut faire cavalier seul, sans sombrer dans les excès du communautarisme.

Il ressort de ce panorama un point essentiel qui nous renvoie à nos faiblesses françaises. La scène politique belge francophone est dépourvue d’extrêmes, et notamment d’extrême droite, hormis un fantomatique FN, et le microscopique PP, parti de fondation récente à l’idéologie poujado-populiste. Le Belge francophone délaisse traditionnellement les extrêmes. Le mérite en reviendrait en partie selon plusieurs politologues (francophones et flamands) au fameux « système PS » qui par son omniprésence sur le terrain et la diversité de ses leviers d’action, a retenu les électeurs qu’aurait pu séduire un discours populiste.

Comme vous l’aurez noté, sur les quatre grands partis belges francophones, trois sont classés à gauche…Pas de chance : côté flamand, c’est totalement l’inverse !

Les Flamands de Bruxelles seront amenés à se prononcer pour des listes néerlandophones qui leur sont propres. Il se peut ainsi que votre voisin ait à faire un choix bien différent du vôtre. A droite entre la N-VA (parti nationaliste) premier parti de Flandre, le VLD (parti libéral flamand) et le CD&V (Chrétiens démocrates flamands, ceux là sont de droite). A gauche entre le petit S-PA (parti socialiste) et le minuscule Groën ! (écologistes).

Comme le vote est proportionnel, tout ce beau monde sera amené à s’entendre au sein des Conseils communaux… Comme quoi, gagner les élections n’est pas tout !


mercredi 19 septembre 2012

Pour être élu, il convient de se faire remarquer.


Pour les prochaines élections communales, plus qu’à une campagne de listes, c’est à une myriade de campagnes individuelles que l’on assiste. En témoignent le nombre impressionnant de tracts nominatifs déposés dans nos boîtes aux lettres, et ces affiches électorales dont les seuls arguments semblent être le physique et le nom du candidat, présenté sur fond de la couleur de son parti.

A Saint Gilles, la fracture sociale se lit dans la rue. Au marché du Châtelain, pas un commerçant qui n’affiche son portrait de candidat MR (Mouvement Réformateur, droite). Mais en descendant vers les quartiers plus populaires du parvis de Saint Gilles et la Gare du midi, à la vitrine des commerces et sur les balcons, le bleu de teinte de rose, pour être ensuite submergé par le rouge.

Café l'Union, au Parvis de Saint Gilles.


Le tout est de savoir se faire remarquer…

L’on peut ainsi tout miser sur le physique…ou capitaliser sur un nom :



Si les Français inscrits voteront aux prochaines élections, plusieurs ont choisi d'être candidats. Parmi eux, certaines ont choisi de miser sur l'humour et l'auto-dérision, qualités belges par essence, pour attirer l’œil de l’électeur.

Ainsi en est-il de Caroline Laporte, candidate française sur la liste du MR à Ixelles, qui détourne avec une bonne dose d'auto-dérision le visuel d’une carte d’embarquement :



Une autre candidate française, Aurélie CZEKALSKI, se met en scène à Uccle sous la forme d’un billet de loterie…


Le tout est de trouver le moyen de mettre un turbo à sa candidature :-)


Candidats français, belge ou européen, plus qu'un petit mois pour faire son choix !

dimanche 16 septembre 2012

Tout est question de proportions.


A tout juste un mois des élections communales, les nombreux Français inscrits sur les listes électorales sont encore pour le moins très perplexes. Nous qui baignons depuis si longtemps dans le simplisme réconfortant du scrutin majoritaire, nous voilà soudain plongés dans les affres du choix offert par le scrutin proportionnel.

Celui-ci se pratique en effet à tous les échelons en Belgique, et les élections communales n’échappent pas à la règle, qui se justifie essentiellement par la nécessité de représenter à chaque échelon du pouvoir les communautés francophone et néerlandophone dans toute leur diversité.

Il nous reviendra donc, le 14 octobre 2012, de choisir la liste d’un parti. Mais surtout, par des « votes de préférence », pourrons-nous cocher plus particulièrement le nom d’un candidat. Celui-ci sera ou non élu en fonction du résultat collectif de sa liste, mais également en fonction du nombre de voix rassemblées sur sa tête.

Les candidats les plus populaires sont ainsi stratégiquement répartis. Un premier « tire » la liste, en étant à sa tête, tandis qu’à la dernière place, un second la « pousse » le plus haut possible.

Pour les questions pratiques, ce n’est pas un mais trois sites que je me dois de vous recommander :


Quant au choix de votre parti, gare à l’amalgame ! Il est un peu rapide de faire un parallèle entre les scènes politiques francophone et française…Nous y reviendrons.


mercredi 12 septembre 2012

Belgique, j’aime ta frite plus que ton fisc.


Ah, les expatriés fiscaux français. Ils sont partout ! Un Belge d’Uccle me confiait récemment anticiper une montée du prix de sa maison, suite à l’afflux de Français dans ce quartier huppé de Bruxelles. Et devant chaque haut lieu de la ville, un même grand sourire vous accueille, ravi de voir « de plus en plus de Français » !

Le Belge n’est pas chauvin, et de ce côté-ci du Quiévrain, l’affaire Bernard Arnault suscite des réactions bien moins outrées qu’amusées. Pour tel avocat fiscaliste, il est évident que seul un régime fiscal attractif peut justifier que l’on veuille devenir Belge. Et La Libre Belgique, premier quotidien francophone, en remet une couche : « On se doute qu’un homme de goût comme Bernard Arnault n’est pas attiré chez nous par le waterzooï, les Gilles de Binche, les beaux paysages du Limbourg, les joies du cuistax, la ponctualité de la SNCB, les rengaines d’Annie Cordy et la magie des communes à facilités » ;-)

Un pragmatisme que l’on retrouve dans le traitement des exilés fiscaux … belges. Ainsi le gouvernement s’interrogerait-il sur un possible accord avec la Suisse, qui moyennent la sauvegarde du secret bancaire, autoriserait cette dernière à prélever au profit de l’Etat belge 34 % des 10 milliards d’euros que l’on estime détenus là bas par des résidents belges. On est toujours le paradis fiscal de quelqu’un d’autre !

Pour ma part, je n’ai pas encore croisé d’exilé fiscal français.

Belgique, sache-le : nous sommes à peu près 200.000 à t’avoir choisie pour des raisons toutes autres que fiscales. C’est toi qu’on aime, et pas ton fisc.

lundi 10 septembre 2012

Et si Bruxelles était un problème de mathématiques ?


En cette période de rentrée scolaire, je me suis amusée à rassembler quelques chiffres, qui résument à eux seuls la complexité de la Région dans laquelle nous nous sommes installés.

19  C’est le nombre de communes qui composent la région de Bruxelles-capitale. La commune de Bruxelles (centre historique) n’est que l’une des 19 communes, qui ont chacune leur bourgmestre et leurs échevins (=conseillers municipaux). Evidemment, cela ne facilite pas l’harmonisation en matière d’urbanisme, d’infrastructures, de transports ou de sécurité…
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89  C’est, depuis 2001, le nombre de députés au Parlement bruxellois (17 néerlandophones et 72 francophones). Les Flamands ayant obtenu une représentation plus large, les francophones n’ont pas voulu être en reste et ont eux aussi augmenté le nombre de leurs sièges… En tant que Région, Bruxelles dispose non seulement de son propre Parlement, mais aussi de son ministre-Président (Charles Picqué (PS) au moins jusqu’à octobre 2012) et d’un gouvernement de 7 ministres. Euh, ça coûte combien tout ça ?
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400.000 ce sont les « navetteurs » qui chaque jour rejoignent Bruxelles pour y travailler, mais la quittent le soir. Un défi immense en terme d’infrastructures pour cette ville d’un million d’habitants, largement aggravé par le fait que l’impôt sur le revenu est prélevé sur le lieu de résidence, et non d’emploi. Maintenant, vous savez pourquoi vous vous plaignez des bouchons !
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20,6% C’est le taux de chômage dans la région au mois de mars 2012 ! Un chiffre dramatique qui repose en partie sur le décalage existant entre une région essentiellement destinée aux services, et une main d’oeuvre jeune et trop peu qualifiée. Ce chiffre explique aussi en partie l’important déficit de financement que connaît la région bruxelloise.
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25 à 28 % C’était en 2010 la proportion de ressortissants étrangers dans la population bruxelloise. Si le flamand est désormais minoritaire dans cette région officiellement bilingue, le français n’y est peut être pas la langue hégémonique. Les Français représentent cependant la plus importante minorité. On estime à 200.000 le nombre de Français habitant en Belgique, la moitié habitant la région de Bruxelles-capitale et ses environs.
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Un triple niveau d’administration (gouverneur, ministre-président, bourgmestres), des défis majeurs à relever en matière d’intégration et de formation, des déficits structurels freinant l’investissement. On est déjà bien loin de l’image d’Epinal véhiculée par ce cher Manneken Pis…