Succès du FN aux municipales en France. Succès
annoncé de la N-VA en Flandre. Ces deux partis, dont le succès se nourrit du
rejet des élites politiques traditionnelles, baignent-ils pour autant dans la
même eau Marine ?
La vague bleu marine des dernières municipales
annonce pour le FN l’ouverture d’une phase de normalisation du parti. En
affichant ici ou là des profils de « bons pères de famille », les
nouveaux frontistes espèrent conquérir localement une légitimité, qui leur servira
à plus long terme de marchepied vers des responsabilités politiques nationales.
La N-VA, elle, a réalisé cette mue il y a déjà
plusieurs années et planté progressivement, sous l’influence de Bart De Wever, dans
les terroirs flamands ses racines. Elle gouverne la Flandre depuis 2009 et
dirige Anvers depuis 2012 sans avoir fait de vagues dans le port (cf. Bart de Wever en rade à Anvers). On est loin d’un Steeve Briois s’en prenant dès sa première
semaine de mandat à la LDH à Hénin-Beaumont.
La difficulté qu’éprouve visiblement le FN à
s’installer dans les instances locales et nationales s’explique en partie par
notre système majoritaire. En Belgique au contraire, la N-VA se nourrit
pleinement des vicissitudes du système proportionnel et des larges coalitions politiques
qui en découlent, lui laissant la place de choix de seul véritable parti
d’opposition.
Mais une différence de nature idéologique sépare
encore les deux partis.
Depuis son accession à la présidence de la
N-VA, Bart De Wever en a progressivement modifié le discours, la transformant
en un parti protestataire et d’opposition.
Opposition entre les laborieux et les assistés (wallons), entre la
Flandre rurale et la Belgique des grandes villes, entre le peuple et ses élites
corrompues. L’arrivée au pouvoir d’un premier ministre wallon, socialiste et
homosexuel, fut l’opportunité rêvée de répandre ses idées.
Avec son appel aux racines catholiques et
rurales de la Flandre, la N-VA se retrouve finalement peu éloignée des discours
des grands partis flamands traditionnels. Elle se rapproche des revendications identitaires
anciennes des chrétiens démocrates du CD&V et son discours économique tend
à se calquer sur celui des libéraux du VLD.
Au FN, au contraire, le discours anti-élites
n’est venu que tardivement se greffer sur un terreau extrémiste, aujourd’hui
encore sensible. D’où un discours manquant parfois de cohérence, et pas
toujours crédible, notamment sur les questions économiques.
En 2012, alors candidate à l’élection
présidentielle, Marine Le Pen s’est rendue en Belgique pour rencontrer ses
homologues. C’est aux membres du Vlaams Belang qu’elle est venue s’adresser…