Découlant directement du mode de scrutin
proportionnel, la coalition apparaît comme la clé de voûte du système politique
belge. D’elle découlent toutes ces particularités qui nous semblent si étranges
à nous, Français.
- Les partis politiques ont ici un pouvoir immense car c’est à leur niveau que se négocient les accords. A Bruxelles, ce sont eux qui définissent l’identité d’un bourgmestre avant même le verdict des urnes.
- Le candidat à une élection ne critique jamais directement ses adversaires. Ou alors, juste ce qu’il faut pour s’en distinguer. Mais surtout ne pas le fâcher, car il n’est jamais exclu qu’ils soient amenés ensemble à gouverner !
- La Belgique, ni aucune de ses régions, ne connaissent l’alternance. Chaque coalition politique inclut nécessairement une part importante de la précédente ; un phénomène qui explique aussi en partie le faible taux de renouvellement du personnel politique.
En pratique, tout cela peut mener l'électeur
Français à errer dans d’insolubles tourments…
Imaginons un Français libéral de Saint Gilles.
Celui-ci, pour sanctionner le PS, décidera en toute logique (française) de
voter pour le MR (libéraux francophones). Ce serait ignorer que le MR, lui
aussi, est au pouvoir à Saint Gilles, où il détient l’important échevinat des
Finances.
Notre Français peut encore voter CdH (centre) ou
Ecolo. Pas de chance, le premier n’a pas exclu de participer à une prochaine
coalition à trois avec le PS et le MR, tandis que le second fixe déjà ses
conditions.
Ainsi, quoi qu’il vote en octobre, notre
Français anonyme n’est sûr que de deux choses :
- Charles Picqué (PS) restera le bourgmestre
de Saint Gilles,
- Il ne saura vraiment s’il a voté pour
l’opposition ou la coalition au pouvoir qu’après les élections.
Devant tant de doutes, serait-il tenté par
l’abstention ? Qu’il n’oublie pas qu’en Belgique, le vote est
obligatoire ! (même si peu sanctionné en pratique)
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