Partant du constat que 80 % de la population
belge bruxelloise est francophone, le parlement de la Communauté française a
adopté le 25 mai 2011 à l'unanimité une résolution instaurant l'appellation "Fédération Wallonie-Bruxelles"
au lieu de "Communauté française".
L’arbre sémantique cachait évidemment une
forêt politique. En associant ainsi les régions de Bruxelles et de Wallonie, la
Communauté française affirmait son ambition de les englober à l’avenir toutes les
deux. Et de peser ainsi un peu plus dans les négociations pour un éventuel
partage territorial.
Si la démarche avait à l’époque été très
tièdement accueillie, côté flamand comme fédéral, M. Magnette, président du PS
francophone, a encore enfoncé le clou ce week-end, en appelant à la création, à l’instar des flamands,
d’une nation « wallo-bruxelloise ».
Une démarche qui lui valut une réponse cinglante
d’un élu de la N-VA (nationalistes flamands), fustigeant le projet « d’Anschluss »
fomenté par les francophones.
Pourtant, de chaque côté de la frontière
linguistique, le constat d’une complexité excessive de la répartition des
compétences entre l’Etat fédéral, les trois régions (Flandre, Wallonie,
Bruxelles) et les trois communautés (francophones, néerlandophones,
germanophones) reste largement partagé.
Qui peut sérieusement soutenir que
l’attribution aux seules régions de la gestion des transports et du commerce
extérieur apparaît optimale ? Et que la gestion au niveau communautaire de
l’enseignement n’a pas entraîné des disparités importantes, notamment dans
l’apprentissage des langues ?
La Flandre n’a-t-elle d’ailleurs pas la
première lancé les hostilités en
fusionnant en 1978 les institutions de la région flamande et celles de la
communauté flamande sous l’appellation « Vlaanderen » ?
Oui, mais voilà, la communauté flamande se
compose essentiellement de néerlandophones non-bruxellois : région et
communautés recouvrent donc des zones géographiques à peu près comparables.
La
démarche des francophones est toute autre, qui vise à démontrer l’étendue
géographique supérieure de leur communauté.
Rien d’étonnant dès lors à ce que cette
démarche soit ressentie comme une provocation jusque dans les rangs modérés
flamands, où l’on a beau jeu de souligner le différentiel d’investissements à
Bruxelles largement en faveur du Nord.
Il
faudra que les francophones choisissent : Comment
revendiquer à la fois la fusion entre Bruxelles et la Wallonie, et un statut à
part entière pour la capitale ?
La démarche qui voudrait opposer au
nationalisme rampant du Nord une autre construction nationaliste, fabriquée à
la hâte et de toutes pièces, apparaît beaucoup plus dangereuse que constructive.
Car on ne s’oppose pas au nationalisme avec ses propres armes, sans risque
important de surenchère.