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jeudi 4 juillet 2013

Une abdication tranquille...


La décision du roi Albert II d’abdiquer en faveur de son fils Philippe le 21 juillet prochain n’est une véritable surprise pour personne.

A l’âge de 80 ans, et après tout juste 20 ans de règne, le monarque avait déjà laissé filtrer quelque lassitude et son désir de ne pas devoir faire face à nouveau aux tumultes politiques que risquent d’engendrer les prochaines élections régionales de 2014.

Certains font valoir aujourd’hui que deux scandales auraient précipité son départ : le procès qui vient de lui être intenté par sa possible fille naturelle, Delphine Boël, ainsi que l’histoire du magot caché de la reine Fabiola.

Une récente réforme de la dotation royale avait pourtant mis fin à cette polémique (cf. précédent post sur le sujet), tandis qu’il y a longtemps que le roi des Belges avait levé un voile sur la première affaire.

C’est donc de sa pleine décision qu’Albert II quitte ses fonctions, en pouvant se targuer de les avoir portées bien au delà de leur valeur symbolique. Tenant un rôle aussi discret que fondamental lors des crises politiques de plus en plus marquées qui émaillèrent sa fin de règne, il passe le relais à son fils « en toute sérénité et confiance », avec le sentiment du devoir accompli.

Et le prince Philippe d’essuyer désormais les mêmes vaines inquiétudes médiatiques que celles qui visèrent son père lors de son accession au trône en 1993.

mardi 2 juillet 2013

Euthanasie : les Belges en font-ils trop ? (I)


Pays très libéral en matière de mœurs (mariage homo, PMA, euthanasie…), la Belgique s’enorgueillit de son statut de « pays avancé », et ne s’est d’ailleurs pas privée de tacler la France lorsque celle-ci s’enlisait dans l’interminable « débat » sur le « mariage pour tous ».

Est-ce cette obsession de la primauté qui la conduit aujourd’hui là où seuls les Pays-Bas se sont jusqu’alors aventurés ?

Plusieurs sénateurs libéraux et socialistes ont en effet récemment déposé une proposition de loi visant à élargir le droit de demander l’euthanasie à des enfants mineurs.

La dépénalisation, par la loi du 28 mai 2002, de l’euthanasie, définie comme l’acte de donner la mort à une personne qui en fait la demande, fut le fruit d’une longue maturation, entamée à la fin des années 1990.

Guidés par la recherche du consensus le plus large possible, politiques et experts débattirent du sujet pendant plusieurs années.

Ce n’est qu’en 1999 que la fenêtre politique s’entrouvrit. Les élections fédérales amenèrent au pouvoir une nouvelle coalition gouvernementale, composée des libéraux, des socialistes et des écologistes. Les chrétiens-démocrates francophones et flamands, opposés au principe même de la reconnaissance de l’euthanasie, se trouvaient quant à eux relégués dans l’opposition.

Ils furent néanmoins activement associés aux travaux parlementaires, et aux avis du Comité Consultatif de Bioéthique. Et progressivement, les plus libéraux consentirent à collaborer au projet, conscients que la majorité de la population y était devenue favorable.

Le droit de demander l’euthanasie (et non de la voir pratiquer par son médecin) fut ainsi légalisé en Belgique, sous plusieurs conditions :

-                 - Un malade conscient et capable (majeur ou mineur émancipé),
-                 - Une demande spontanée et répétée, exprimée soit directement, soit par le biais d’une déclaration        écrite préalable co-signée par deux témoins, enregistrée auprès de la commune et remontant au  maximum à 5 années avant l’impossibilité de s’exprimer.
-                 - Une situation objectivement « sans issue » : Des souffrances physiques ou psychologiques insoutenables et prolongées. Une pathologie incurable, qu’elle soit due à la maladie ou à un accident.

Le médecin, dont la responsabilité pénale était ainsi écartée, se voyait en contrepartie imposer un certain nombre de devoirs : information complète du patient et de sa famille, avis d’un autre médecin, notamment quand le décès n’est pas imminent, délais à respecter.

Si en ce domaine l’on ne peut qualifier de bonne aucune solution, la loi de 2002 semblait au moins avoir trouvé l’équilibre recherché et ne faisait plus débat. Les évaluations régulières effectuées par la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation soulignaient d’ailleurs que patients comme médecins se l’étaient appropriée, aucune dérive n’ayant par ailleurs été mise en évidence.

La poursuite de la réflexion n’aurait pourtant pas été inutile. Alors que de plus en plus de gens se sentent directement ou indirectement concernés, pourquoi si peu ont-ils rédigé des directives anticipées ? Pourquoi 85 % des demandes d’euthanasie répertoriées émanent-elles de la partie flamande du pays : statistiques incomplètes ou véritable fracture éthique ?

Dix années de recul apparaissent encore bien insuffisantes pour dresser un véritable bilan de la loi.

Pourtant, confondant certainement progrès et précipitation, une poignée de sénateurs n’a pas hésité à remettre le travail sur l’établi. Et à prendre la responsabilité de relancer un débat qui, sur le plan éthique autant que politique, risque de faire bien des dégâts…