Quels sont les points communs entre le MR (le
parti libéral francophone belge) et l’UMP ? A l’aune de l’actualité
récente, la question mérite d’être à nouveau posée*.
Car le jour même où Le Figaro barrait sa Une d’un « guerre
des clans à l’UMP », La Libre
Belgique titrait ici : « MR :
la guerre des clans n’aura pas lieu ». Et tandis que suspens et
désespoir étaient à leur comble au sein du parti de droite français, les
libéraux belges savouraient quant à eux l’apaisement d’un compromis en dentelles, dont seule la classe politique belge a le
talent.
Comme en France, deux grandes tendances
s’affrontent au sein du MR depuis des années (depuis que le père de l’actuel
président du parti occupait ce poste, c’est dire !). D’un côté, les
partisans toujours nombreux de Didier Reynders, le libéral ancien président du
parti et actuel Ministre fédéral. De l’autre, les soutiens du dirigeant actuel du
MR, Charles Michel, aux accents plus centristes. Notons quand même au passage,
pour nous consoler, que l’accession de ce dernier à la présidence du parti en
2011, après une importante défaite électorale, eut également des airs de
psychodrame.
Les instances du MR doivent être prochainement
presque intégralement renouvelées, avec en toile de fond les bons scores aux dernières
élections communales, qui ont relancé des ambitions personnelles à Bruxelles,
et en ligne de mire les élections législatives et régionales de 2014. Le combat
promettait d’être sanglant, d’autant plus qu’une nouvelle carotte de choix
devait faire courir nos candidats : le poste de Ministre-président de la
région de Bruxelles (chef du gouvernement bruxellois) annoncé vacant suite au
départ probable de l’indéboulonnable Charles Picqué (PS)…
Ceux qui, comme moi, se réjouissaient à l’avance
du spectacle en ont été pour leurs frais.
Sous réserve du vote des militants, quelques
jours de négociations internes ont suffi à voir attribuer à Didier Reynders le MR de la
région bruxelloise et la tête de liste aux élections législatives dans la
capitale. Vincent De Wolf, protégé bruxellois de Charles Michel, se présentera
quant à lui aux élections régionales, avec pour objectif le poste de
Ministre-président bruxellois.
Et voilà ! Il faut dire que tant la quantité
de scrutins que le nombre de postes à pourvoir favorisent l’accession à de tels
compromis…
Mais c’est aussi là l’illustration de la
grande force de la classe politique belge : de crise institutionnelle en
négociations communautaires, de scrutin proportionnel en constitution de
coalitions, de contrats de gouvernements en alliances électorales, elle s’est
depuis toujours forgée dans l’art du compromis et de la négociation, qui font sa renommée jusque dans les plus grandes institutions internationales.
Les histoires belges ne sont donc pas, loin de
là, toutes ridicules.
* Cf. le post
« Comment prendre parti ? ».
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