C’est ce mois-ci qu’entre enfin en
vigueur l’accord-cadre conclu entre la Wallonie et la France le 21/12/2011,
instituant notamment des inspections communes des établissements wallons
accueillant des Français porteurs d’un handicap mental et/ou moteur.
Cet exil, qui est parfois le fruit d’un
choix personnel, est bien plus souvent imposé aux personnes handicapées et à
leurs familles, faute de lieux d’accueil adaptés en France.
On estime aujourd’hui entre 5.000 et
6.000 le nombre de personnes concernées … un degré de précision qui fait frémir
! Car aucun recensement de ces personnes, rarement inscrites au Consulat de
France et souvent domiciliées en France pour des raisons de subsides, n’a
encore été établi à ce jour.
Ce sera l’une des priorités de la mise en
œuvre de cet accord-cadre, qui prévoit un échange d’informations entre les
autorités wallonnes et l’Autorité Régionale de Santé (ARS) du Nord-Pas de
Calais.
Par ailleurs, ce texte ouvre enfin la
porte des lieux d’accueil wallons hébergeant des Français aux administrations
françaises. Ainsi, les inspections de ces établissements pourront désormais
être effectuées par des équipes wallonnes et françaises.
Ces équipes bi-nationales se pencheront
sur les modalités d’accueil et d’hébergement, la prise en charge
socio-éducative, la prise en charge par un régime de sécurité sociale, ou
encore la promotion de la bientraitance.
Cela semble un juste retour des choses, la
France finançant intégralement le coût de la prise en charge de ses
ressortissants.
Néanmoins, si l’heure des bilans n’a pas
encore sonné, beaucoup d’interrogations demeurent.
Le nombre de places d’accueil des
handicapés et jeunes autistes en France reste dramatiquement insuffisant. C’est
désormais de la France entière et non plus des seules régions
transfrontalières, qu’arrivent les pensionnaires. Un déchirement pour des
familles qui n’ont pas toujours les moyens de venir visiter régulièrement leur
proche.
En outre, si les administrations ont
conclu entre elles un arrangement administratif, précisant les modalités de
leur intervention, d’autres institutions, (les Juges des Tutelles et les
mandataires à la protection des personnes en premier lieu) restent tributaires
de la collaboration des autorités wallonnes pour entrer en contact avec ces personnes
particulièrement vulnérables.
Le chantier de la protection des
handicapés de France reste donc grand ouvert, et les premières visites
bi-nationales d’établissement seront à ce niveau déterminantes. Elles
prouveront je l’espère qu’une intense collaboration entre nos deux pays peut
faire progresser la cause des personnes les plus fragiles.
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