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vendredi 4 janvier 2013

Noël : Le Roi des Belges a les boules.


« En ces temps perturbés que nous vivons, soyons vigilants, et montrons-nous lucides face aux discours populistes. Ils s’efforcent toujours de trouver des boucs émissaires à la crise, qu’il s’agisse de l’étranger ou des habitants d’une autre partie de leur pays. Ces discours existent aujourd’hui dans de nombreux pays européens et aussi chez nous.

« La crise des années 30 et les réactions populistes de cette époque ne doivent pas être oubliées. On a vu le mal que cela fit à nos démocraties ».

Par ces phrases historiques, glissées dans son traditionnel discours de Noël, le roi Albert II peut se vanter d’avoir sorti de leur torpeur médias et politiques qui profitaient jusque là d’une trêve des confiseurs bien méritée.

La polémique était lancée.

Car nombreux furent dès le lendemain les constitutionnalistes et politiques flamands dénonçant vent debout le dérapage du monarque « ayant outrepassé ses fonctions » et mis ainsi en « danger » la démocratie, pas moins.

Certes, dans le cadre d’une monarchie constitutionnelle, le Roi n’a pas à intervenir sur l’échiquier politique, pour faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

Mais qu’en serait-il de son rôle de monarque, s’il n’en incarnait pas au moins la fonction symbolique ? A quoi servirait le Roi s’il ne s’efforçait d’appeler encore, envers et contre tous, à l’unité d’un pays, au respect de ses citoyens, et à travers eux de la démocratie ?

Alors certes, Albert II a eu des paroles qui ne sont pas innocentes. Bien évidemment, en ciblant les partis « populistes », il prend à parti directement la N-VA de Bart de Wever. Ce parti qui, ciblant les « ennemis de l’intérieur » wallons, s’est hissé jusqu’au mayorat d’Anvers et a affiché en 2012 un ancrage électoral plus que confortable en Flandre.

Mais comment ne pas être d’accord avec la mise en garde d’Albert II. La montée des mouvements populistes, souvent d’extrême droite, n’est pas un phénomène particulier à la Belgique, et il se doit d’inquiéter tous ceux qui sont attachés à la démocratie.

En refusant en 1990 de promulguer une loi dépénalisant l’avortement, Baudouin avait commis un acte bien plus politique, que son gouvernement avait couvert.

Plus récemment, le 21 juillet 2011, Albert II avait fait vibrer la Belgique d’un appel à l’unité, en pleine crise politique et institutionnelle.

La verdeur des réactions démontre surtout une chose ; c’est que le contexte politique en Belgique s’est profondément transformé. La flamingante N-VA est plus puissante que jamais, et dispose des réserves électorales nécessaires à la conquête de la région flamande 2014. Le caractère républicain affiché par ce parti n’est plus même un problème pour la majorité de ses électeurs. Plus une semaine ne passe sans que la Monarchie soit soupçonnée, épiée, chahutée. Au point que certains rêvent de la voir tomber de son piédestal.

Un jeu dangereux car, si Albert II n’avait pas eu ces paroles, qui donc les aurait eues ? Certainement pas les partis flamands, trop préoccupés de reconquête. Et peut-être même pas les francophones, qui devront un jour gouverner avec eux…

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