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lundi 15 octobre 2012

Vote blanc à Bruxelles, noir et jaune en Flandres.


Pour l’électeur bruxellois, le scrutin communal (et provincial) d’hier a un petit goût de frustration. Peu de suspense pouvant susciter son intérêt dans la plupart des communes de sa région, il dut tourner, comme tous les médias, son regard vers la commune flamande d’Anvers, où s’est produit un événement que son principal protagoniste a justement qualifié d’historique.

A Bruxelles, petites trahisons entre amis.

Bruxelles, donc, a vu confortées la plupart des majorités en place, et notamment celles présentes à Uccle, où l’actuel bourgmestre Armand De Decker (MR, libéraux) conserve sans surprise son poste, et Saint Gilles, où la liste socialiste de Charles Picqué remporte la majorité absolue. A Ixelles, MR et PS ont mis sur pied un accord original ; ne pouvant être désignés tous deux bourgmestres, Willy Decourty (PS) et Dominique Dufourny (MR) ont convenu d’occuper chacun successivement la fonction. On leur souhaite à chacun un partenaire fiable !

Mais ne boudons pas notre plaisir, quelques trahisons tout de même sont venues pimenter ce scénario sans surprise.

A Watermael-Boitsfort, bien qu’arrivée largement en tête, la FDF Martine Payfa a dû céder la place de bourgmestre au premier Ecolo à ce poste dans la capitale : Olivier Deleuze. C’est le fruit d’un accord entre Ecolo et l’ancien partenaire MR, qui ne l’emportera pas au paradis !

A Bruxelles-ville, le psychodrame s’est dénoué très tard dans la soirée. L’indétrônable bourgmestre socialiste, Freddy Thielmans, a finalement choisi de s’allier avec le MR (libéraux), reléguant désormais dans l’opposition le CDH (centristes) et sa vice-première Ministre Joëlle Milquet.

Le CDH néanmoins n’est pas en reste, qui, à Schaerbeek, a conclu avec Ecolo et le FDF une alliance boutant dans l’opposition la vice-première ministre socialiste Laurette Onkelinx. Un partout !

A Anvers, la fin d’une époque, le début d’une nouvelle ?

La victoire du président de la N-VA Bart de Wever à Anvers est écrasante. Avec près de 38 % des voix, il dépasse les dernières estimations faites et laisse sur le carreau Patrick Janssens (28,6 %), mettant du même coup un terme à 80 ans de domination socialiste dans la première ville de Flandre.

Cette victoire n’est pas un fait isolé, et de nombreuses autres en Flandre démontrent que Bart de Wever n’est pas le seul argument électoral du parti. En se positionnant en tête dans un bon tiers des communes flamandes, la N-VA démontre qu’elle n’est plus, selon les termes de son président un « colosse aux pieds de nain » mais qu’elle bénéficie désormais, outre son excellent score aux élections législatives fédérales de 2010, d’un très solide ancrage local.

Conscient de sa victoire implacable, Bart de Wever a prononcé hier un discours de combat. L'assaut sera donné depuis les communes conquises par le parti, avec comme objectif la conquête de Bruxelles et la mort du « gouvernement taxateur » de M. Di Rupo.

Il n’a ainsi pas hésité à appeler immédiatement le Premier ministre socialiste à négocier la transformation de la Belgique en un Etat confédéral, préalable à une indépendance de la Flandre.

L’impression d’avoir atteint un point de « non-retour » selon l’expression de M. De Wever reste ainsi durablement dans l’esprit de ceux qui ont vécu en direct ce moment historique.

Les ressorts de la victoire étaient pourtant présents bien en amont, et nul ne peut prétendre en être surpris. Installé confortablement dans sa position d’opposant, M. De Wever récoltait les fruits des hésitations gouvernementales face à la crise économique, tout en se posant comme le réel initiateur de la sixième réforme de l’Etat. Ajoutons à cela une ville traditionnellement très sensible aux arguments de l’extrême droite et la manipulation habile de M. De Wever visant à donner à ce scrutin local, depuis deux ans, une dimension nationale.

Au nord comme au sud du pays, le premier réflexe fut justement de rendre à ce vote sa dimension locale. M. De Wever n’est que bourgmestre d’Anvers. Encore doit-il désormais faire ses preuves, et notamment démontrer sa capacité à mettre rapidement sur pied une coalition majoritaire... qui ne peut en l’état se constituer qu’avec l’ennemi socialiste. Une première épreuve qui aura valeur de test !

Le gouvernement fédéral souligne qu’il ne se sent donc pas menacé et M. Di Rupo n’a pas souhaité répondre à l’appel du nouveau bourgmestre anversois. Les partis flamands qui composent la coalition gouvernementale ont, il est vrai, plutôt bien résisté à l’assaut, et le CD&V, parti pivot de la majorité, conserve sa place de premier parti local, notamment grâce à son ancrage rural.

Ce n’est donc pas le scenario des législatives de 2010 qui se rejoue. Cette fois-ci, la seule réelle victime directe de la N-VA, c’est le parti d’extrême droite Vlaams Belang, et ça, personne ne s’en plaindra.

De quoi permettre aux partis au pouvoir de se voiler encore un peu la face…au moins jusqu’aux élections législatives de 2014.

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