A la suite les élections communales du 14
octobre, certains tiraillements se font sentir au sein de l’équipage gouvernemental,
mis à flots à l'issue de la plus longue crise politique de l’histoire, le 5 décembre 2011.
Pour soutenir l’édifice fédéral, sans l’appui
de la massive N-VA (28 % des suffrages en Flandres en juin 2010), se constitue
ce jour là, après 18 mois de négociations, une coalition aussi risquée que
contre nature. Elle associe les trois grands piliers dont la division avait
jusqu’alors, et depuis l’origine, structuré l’ensemble de la société belge, ses
écoles, ses hôpitaux, ses mutuelles, ses universités, etc. Socialistes, chrétiens-démocrates
et libéraux - francophones et flamands – se retrouvèrent ensemble embarqués sur
le même navire.
A l’heure du bilan des communales, chacun
feint de vouloir maintenir le cap initial, ignorant volontairement l’important
écueil nationaliste et les risques de mutinerie.
Le PS (socialistes francophones), malgré de
beaux succès comme celui de Paul Magnette à Charleroi, n’en a pas moins réalisé
un score décevant. La tendance à la baisse entamée en 2006, à la suite des
scandales politico-financiers révélés à Charleroi, se confirme (- 2,7 % de voix
en Wallonie). Dans ces conditions, et dans la perspective des élections
régionales de 2014, le premier Ministre Elio Di Rupo a plus que jamais besoin
du soutien de ses partenaires francophones. Hélas…
Le CDH (chrétiens démocrates francophones) en
solitaire ? : Il était depuis 2006 « scotché » au PS, qui en avait
fait malgré ses scores électoraux parfois médiocres, un partenaire de coalition
privilégié. Dès lors, la participation
du CDH au renversement de ténors socialistes, tels la vice-première Laurette
Onkelinx à Schaerbeek, ou l’indétrônable bourgmestre de Molenbeek Philippe
Moureaux, constitue une petite révolution. De là à y voir les premiers signes
d’un rapprochement avec le MR…
Le MR (libéraux francophones) en arbitre :
Mais que veut vraiment le MR ? Maintenu en deuxième position chez les
francophones, le parti de Charles Michel navigue entre PS et CDH, et cultive le
mystère sur ses intentions pour 2014. S’il continue de gérer avec le PS un
grand nombre de communes, notamment bruxelloises, il souffle le chaud et le
froid, dénonçant tantôt le laxisme du PS en matière de sécurité, tantôt les
atteintes à la laïcité des chrétiens-démocrates. De quoi faire encore durer le
suspens sur ses intentions…et tendre un peu plus l’ambiance au
gouvernement !
Chez les partenaires flamands, la tornade De
Wever laissera des traces durables.
L’Open VLD (libéraux flamands) a sombré
corps et biens : Le parti libéral fait les frais du re-positionnement de la
N-VA sur le créneau de l’anti-socialisme. La formation, qui ne s’est jamais
vraiment remise du départ de son leader historique Guy Verhofstadt, a été écrasée
sur son propre terrain. A tel point que les rats commencent à quitter le
navire. Le ministre des pensions, Vincent Van Quickenborne, a ainsi intrigué à
Courtrai pour obtenir le mayorat, et préparer sa sortie du gouvernement au
moment des négociations budgétaires.
Le CD&V (chrétiens-démocrates
flamands) contre vents et marées : C’est le seul parti qui résiste, et
plutôt bien, à la lame de fond N-VA. Mais, un temps en cartel avec
la N-VA, le parti court désormais après ses électeurs perdus sur le
terrain communautaire. Pas sûr que ceux-ci ne préfèrent l’original à la copie.
Le SP.A (socialistes flamands) surnage : Son
échec retentissant à Anvers est un coup presque fatal pour ce petit parti,
monté dans la coalition in extremis. Son éventuelle participation à une
coalition avec Bart De Wever pourrait définitivement le discréditer.
C’est donc ensemble sur une vraie galère que
les partis du gouvernement entament cette semaine d’importantes et sensibles discussions
sur la réforme de l’Etat et le cadre budgétaire. Contraints d’avancer ensemble,
chacun des partis est bien sûr conscient qu’en cas de naufrage, la N-VA
incarnerait la seule alternative.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire