Faisant suite à libération conditionnelle de
sa complice, Michelle Martin, à l’été 2012, Marc Dutroux s’offre à son tour le
droit de réveiller un passé toujours aussi douloureux en Belgique, en
sollicitant, dans une démarche aussi désespérée que provoquante, le bénéfice
d’une libération conditionnelle.
La malédiction qui s’était abattue sur la
Belgique au milieu des années 1990 continue de marquer les esprits, comme le
point noir d’une série d’inconcevables faits divers, dont le dernier avatar fut
la saga du tueur des Ardennes, Michel Fourniret.
Chacun suscita un émoi national important.
Mais la manifestation la plus emblématique fut cette « marche
blanche », unissant e 1996 plusieurs centaines de milliers de Belges dans
les rues. A sa suite fut menée une double réforme de la justice et de la
police, visant à modifier radicalement leur organisation (rationalisation des polices
et gendarmeries), leur mode de recrutement et leur contrôle (création notamment
du Conseil supérieur de la Justice).
Et
depuis ?
Il semble malheureusement que la malédiction
s’acharne. N’est-ce pas à Bruxelles, encore, qu’en 2010, une magistrate et sa
greffière furent abattues en pleine audience à bout portant, avant que leur
agresseur ne parvienne à prendre la fuite ?
Les manquements graves mis en évidence lors de
l’affaire Dutroux semblent en outre loin d’avoir été résolus : les délais
de jugement s’allongent, les peines inexécutées s’accumulent...
Peut-être est-ce d’ailleurs vers ces
défaillances qu’il faut chercher une explication, plus que dans le climat local
ou la filmographie des frères Dardenne.
Car il est difficile de ne pas faire un lien
entre ces faits, qui expriment ce que l’espèce humaine renferme de plus vil, et
l’incontestable délabrement des institutions censées, dans une démocratie,
contrôler et sanctionner ces phénomènes.
Le gouvernement, paralysé par des crises à
répétition, n’a toujours pu faire aboutir la grande réforme de la justice
annoncée en 2009. L’Etat fédéral se délite sous la pression constante des
forces régionales centrifuges. La monarchie s’enfonce sous le feu des
critiques. L’Eglise, même, est étouffée sous les poids des scandales de
pédophilie.
Comment
espérer de l’institution judiciaire qu’elle endigue à elle seule des phénomènes
d’incivisme et de délinquance encouragés par l’atmosphère ambiante de
dénigrement des institutions fédérales ?
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