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mardi 5 février 2013

Dutroux : le passé qui ne passe pas


Faisant suite à libération conditionnelle de sa complice, Michelle Martin, à l’été 2012, Marc Dutroux s’offre à son tour le droit de réveiller un passé toujours aussi douloureux en Belgique, en sollicitant, dans une démarche aussi désespérée que provoquante, le bénéfice d’une libération conditionnelle.

La malédiction qui s’était abattue sur la Belgique au milieu des années 1990 continue de marquer les esprits, comme le point noir d’une série d’inconcevables faits divers, dont le dernier avatar fut la saga du tueur des Ardennes, Michel Fourniret.

Chacun suscita un émoi national important. Mais la manifestation la plus emblématique fut cette « marche blanche », unissant e 1996 plusieurs centaines de milliers de Belges dans les rues. A sa suite fut menée une double réforme de la justice et de la police, visant à modifier radicalement leur organisation (rationalisation des polices et gendarmeries), leur mode de recrutement et leur contrôle (création notamment du Conseil supérieur de la Justice).

Et depuis ?

Il semble malheureusement que la malédiction s’acharne. N’est-ce pas à Bruxelles, encore, qu’en 2010, une magistrate et sa greffière furent abattues en pleine audience à bout portant, avant que leur agresseur ne parvienne à prendre la fuite ?

Les manquements graves mis en évidence lors de l’affaire Dutroux semblent en outre loin d’avoir été résolus : les délais de jugement s’allongent, les peines inexécutées s’accumulent...

Peut-être est-ce d’ailleurs vers ces défaillances qu’il faut chercher une explication, plus que dans le climat local ou la filmographie des frères Dardenne.

Car il est difficile de ne pas faire un lien entre ces faits, qui expriment ce que l’espèce humaine renferme de plus vil, et l’incontestable délabrement des institutions censées, dans une démocratie, contrôler et sanctionner ces phénomènes.

Le gouvernement, paralysé par des crises à répétition, n’a toujours pu faire aboutir la grande réforme de la justice annoncée en 2009. L’Etat fédéral se délite sous la pression constante des forces régionales centrifuges. La monarchie s’enfonce sous le feu des critiques. L’Eglise, même, est étouffée sous les poids des scandales de pédophilie.

Comment espérer de l’institution judiciaire qu’elle endigue à elle seule des phénomènes d’incivisme et de délinquance encouragés par l’atmosphère ambiante de dénigrement des institutions fédérales ?


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